« Tout royaume divisé contre lui-même est dévasté, et toute ville ou maison divisée contre elle-même ne peut subsister. » Ainsi parlait Jésus, il y a bien des siècles, pour souligner la nature autodestructrice du mal. Pour ceux qui étudient la Science Chrétienne, ces paroles de notre Maître ont d’autant plus de sens qu’ils connaissent cette explication utile apportée par Mary Baker Eddy dans Ecrits divers 1883-1896 : « Au commencement, le mal revendiqua le pouvoir, la sagesse et l’utilité du bien ; et chaque création ou idée de l’Esprit a sa contrefaçon dans quelque croyance matérielle. » (p. 60) La séparation est le contraire de l’unité, et toute expérience mortelle est la contrefaçon de l’existence spirituelle véritable. C’est donc le mal, ou magnétisme animal, qui prétend diviser, mais il est voué à la désolation. Les scientistes chrétiens savent qu’il en est ainsi, car ils savent qu’il y a un seul Entendement, Dieu.
Cet Entendement s’exprime par son idée spirituelle, l’homme, de façon individuelle et collective, c’est pourquoi tous émanent d’un unique Entendement, le même Entendement, Dieu, le bien. Etant l’idée de l’Entendement, l’homme est un avec cet Entendement qui l’a créé ; c’est pourquoi la Science Chrétienne révèle l’indivisibilité de l’Entendement et de ses idées. Dans la mesure où ces faits merveilleux de l’être véritable sont compris, on se rend compte que toutes les idées de l’Entendement sont à jamais unies dans une grande fraternité, montrant une unité d’action et d’accomplissement. Par conséquent, la compréhension de la Science Chrétienne et de sa pratique unit au lieu de séparer ou de diviser. L’activité continue et infinie de l’Entendement ne divise pas ses idées mais elle les unit sans cesse dans les liens resserrés de l’amour et de l’harmonie.
Notre leader utilise le terme magnétisme animal pour désigner tout mal. Elle savait que le mal, ou magnétisme animal, n’était que l’absence supposée ou le prétendu opposé de Dieu, le bien, qui est Tout-en-tout. C’est pourquoi elle comprenait qu’il était irréel et impuissant. Reconnaissant aussi l’importance de comprendre comment le mal prétend opérer, elle a consacré un chapitre entier, dans le livre d’étude de la Science Chrétienne, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, à démasquer le magnétisme animal. Elle y expose le mal, ses prétentions et ses modes opératoires, afin que les scientistes chrétiens puissent instantanément le reconnaître pour ce qu’il est, et le détruire sur la base de la totalité de Dieu.
Durant la dernière guerre, le mal avait pour objectif de diviser et de conquérir. Avec le même argument, le mal prétend fréquemment agir dans nos foyers et nos églises. Il voudrait diviser les familles, séparer les enfants de leurs parents, ou les maris de leurs femmes. Il aimerait provoquer des dissensions dans nos églises filiales, s’ingérer dans l’œuvre de guérison de l’Eglise et freiner ainsi ses progrès. Il prétendrait opérer dans les démocraties qui défendent avec tant d’ardeur la paix dans le monde.
En partant de l’hypothèse inverse selon laquelle les mortels sont réels, le magnétisme animal voudrait que nos semblables paraissent égoïstes, haineux, malveillants, engendrant ainsi la méfiance. Même lorsque les cœurs sont soudés par des années de tendre proximité, de compréhension bienveillante et d’amitié fidèle, le magnétisme animal susurre : « Tu n’es pas apprécié ; tu es incompris ; tu es persécuté et victime de la malveillance. » Ecouter ces suggestions, c’est les accepter très vite comme nos propres pensées, et ériger ainsi une barrière mentale devant ce qui serait normalement des relations joyeuses et harmonieuses avec notre prochain.
Réjouissons-nous d’avoir avec la Science Chrétienne l’antidote parfait contre chaque phase, chaque argument du mal. En révélant la nature parfaite de Dieu, l’Esprit, et de l’homme créé à Son image et à Sa ressemblance, la Science Chrétienne nous permet de déceler les faux concepts mortels et de voir en eux une contrefaçon du réel. Notre travail de scientiste chrétien consiste donc à savoir que l’homme à la ressemblance de Dieu est le seul homme réel. Il est incapable d’être provoqué ou de provoquer, d’être malveillant ou d’être calomnié, d’exprimer ou de connaître la jalousie, la colère ou l’apitoiement sur soi. Si ces faux penchants semblent s’exprimer à travers une personne ou soi-même, on doit les renverser, en admettant uniquement les caractéristiques divines comme la stabilité, l’amour, la paix et la compréhension spirituelle. Il faut ôter de son œil mental la poutre de la critique destructrice, si l’on veut voir les autres et soi-même dans la vraie lumière de l’être spirituel.
Le problème peut prétendre se résumer à un mari égoïste, à une épouse jalouse ou infidèle, un enfant rebelle ou peut-être à un membre d’église à l’esprit dominateur. Or, en insistant spirituellement sur le fait que l’homme à l’image de Dieu est toujours aimant, sincère, obéissant et coopératif, on est en mesure de refléter l’Amour divin et de maintenir ainsi l’unité dans son foyer, son église ou sa ville. Le fait scientifique est que les enfants de Dieu ont un seul Entendement. Par conséquent, ils sont unis dans l’accomplissement du bien. Toute manifestation contraire est une fausse prétention du magnétisme animal et n’a pas d’entité. Du point de vue absolu de la totalité de Dieu et de l’unité de Dieu et de l’homme, Son reflet, on démontre l’unité scientifique qui vainc le magnétisme animal.
On pourrait objecter qu’au stade actuel de l’existence humaine, nous ne sommes pas unanimement d’accord sur tous les sujets concernant notre foyer, notre église filiale ou notre ville. On trouve ce conseil dans Ecrits divers : « Nous devrions nous rappeler que le monde est vaste ; qu’il existe des millions de volontés humaines différentes, d’opinions, d’ambitions, de goûts et d’attachements humains différents ; que chaque personne diffère de toutes les autres par son histoire, sa constitution, sa culture et son caractère ; que la vie humaine, c’est le travail, le jeu de ces différents atomes, leur action et leur réaction incessantes les uns sur les autres. » (p. 224) Et l’auteur nous exhorte ensuite à aller de l’avant avec la plus grande patience et une appréciation pour ce qui est beau et bon.
Un gouvernement démocratique nous apprend à accepter la volonté de la majorité. Nous devrions être disposés à appliquer le même principe dans nos églises, en mettant de côté nos opinions les plus chères afin de voir au-delà et au-dessus de ces vues humaines, ou en attendant que ceux qui nous entourent les apprécient et les acceptent. Un membre a parfois le sentiment que sa plus grande expérience dans un domaine lui permet de voir plus loin que les autres, et peut-être perçoit-il des dangers invisibles aux autres. Même dans ce cas, nul ne peut forcer autrui à démontrer plus qu’il ne comprend ou n’en est capable. Mais on peut accompagner les autres membres avec patience, en étant unis, non par esprit de sacrifice ni par pharisaïsme, mais par l’humilité qui nous incite à les suivre avec amour dans la voie qu’ils ont choisie.
Le récit qui se trouve dans le chapitre quatorze de l’Evangile selon Matthieu est édifiant à cet égard. Jésus avait ordonné à ses disciples de monter dans une barque pour se rendre de l’autre côté de la mer, tandis qu’il allait à l’écart pour prier. En pleine mer, la barque fut agitée par une tempête. Jésus marcha sur la mer pour les rejoindre, et après qu’il leur eut parlé, Pierre s’écria : « Seigneur, si c’est toi, ordonne que j’aille vers toi sur les eaux. » Mais Pierre, très vite, eut peur de se noyer. Jésus le saisit par la main et le sauva. Quelle belle leçon pour nous tous ! Notre Maître n’obligea pas Pierre à venir le rejoindre. Il ne demanda pas aux disciples de faire leur démonstration sur la base de sa propre compréhension spirituelle. Il monta dans la barque avec eux. Lorsque nous sommes tentés de forcer un membre de notre église ou de notre famille à résoudre un problème sur la base de notre propre démonstration, rappelons-nous l’exemple de notre Maître, et exprimons une patience et un amour plus grands.
Si le mobile est juste et que nous renonçons à un espoir précieux afin de favoriser l’unité dans notre foyer ou à l’église, nous en ressentirons finalement les bienfaits. Les faits que je vais relater, à titre d’exemple, se sont produits il y a quelque temps dans une église filiale. Cette petite église avait l’occasion inespérée d’acheter un orgue parfaitement adapté à son édifice, à un prix très réduit. Pour de nombreux membres, cependant, cela semblait contraire à la sagesse et au principe d’économie. Les avis divergents engendrèrent d’âpres controverses, jusqu’à ce que chacun finisse par choisir son camp, et que les sentiments soient exacerbés. La fréquentation de l’église commença à baisser. Finalement, un soir, lors d’une assemblée ordinaire, l’un des membres de grande expérience se leva pour dire en substance ceci : « Je pensais que l’acquisition d’un orgue représentait un pas en avant, qu’il était digne d’une église de la Science Chrétienne d’avoir la plus belle musique possible. Je pensais que cette occasion nous était donnée par l’Amour, mais je sais aussi que l’Amour favorise l’unité et la prospérité. J’espère que nous aurons un jour un orgue digne de nos services religieux, mais l’unité de mon église est bien plus importante que la réalisation de mon espoir longtemps chéri. En l’occurrence, je ne sais pas ce qui est juste et ce qui ne l’est pas, mais quelle que soit notre décision, prenons-la ensemble. Soyons unis dans l’œuvre de Dieu. » Elle retira alors sa motion proposant l’achat d’un orgue.
Des choses merveilleuses se produisirent aussitôt. L’orgueil fit place à l’humilité, et l’animosité à la fraternité. La décision finale fut prise dans une totale unité. Ayant su tirer la leçon de cette expérience, l’église progressa, ainsi que chacun des membres, si bien qu’ils finirent par se procurer un orgue par une voie tout à fait différente.
Il arrive qu’il nous paraisse nécessaire de prendre fermement fait et cause pour ce que nous croyons juste, mais les moments où il s’agit vraiment d’une question de « Principe » sont moins fréquents qu’on ne le croit. Les différences sont souvent dues à des avis ou des désirs divergents. Savoir renoncer à sa propre opinion au nom de l’unité vainc le magnétisme animal dès le début, et favorise la croissance spirituelle individuelle ainsi qu’une plus grande harmonie au sein de notre foyer et à l’église.
Rappelons-nous qu’en réalité nous sommes tous les enfants de Dieu, créés à l’image et à la ressemblance de l’unique Entendement, qui embrasse toutes ses idées dans une unité et une harmonie parfaites. Alors préservons cette unité en nous interrogeant sur toute pensée qui nous vient : Emane-t-elle de Dieu ou de son opposé supposé ? Si nous la suivons, le résultat permettra-t-il de guérir ? Consolidera-t-il et unira-t-il ? Ou blessera-t-il, affaiblira-t-il et divisera-t-il ? Notre travail de scientiste chrétien consiste à nous encourager, à nous soutenir et nous fortifier mutuellement. En reconnaissant l’irréalité, et par conséquent l’impuissance, de chaque prétention du mal et de la condition mortelle, nous présenterons un front uni face au seul ennemi, le magnétisme animal. En renonçant aux opinions et aux ambitions personnelles au nom de l’unité, nous démontrerons l’unité dans nos foyers, nos églises et notre pays. La nature indivisible de Dieu et de toute Sa création fera taire à jamais la suggestion de séparation et de division.