Nous étions en Grèce. Lors d’une promenade, en fin de soirée, mon mari et moi sommes arrivés devant une entreprise dont le parking était rempli de cyclomoteurs à louer. Après les avoir examinés, nous avons décidé de revenir dès le lendemain matin pour en louer deux. Le lendemain, donc, nous nous sommes levés tôt et avons redescendu la colline à pied jusqu’au parking. Il n’y avait plus un seul cyclomoteur à louer. Qu’étaient-ils donc devenus ? Etions-nous bien au bon endroit, dans la bonne rue ?
Après avoir obtenu confirmation que nous étions bien revenus là où nous étions sept heures plus tôt, nous nous sommes regardés et exclamés en même temps : « Pourquoi pas maintenant ? » Et nous avons éclaté de rire.
Cette question, « pourquoi pas maintenant ? » nous l’avions faite nôtre durant nos déplacements en Grèce. Les commerçants posaient cette question chaque fois que les clients sortaient de leur boutique sans avoir rien acheté. Bien sûr, c’était pour les inciter à faire un achat.
Mais j’ai donné un autre sens à cette question.
Quand nous pratiquons la Science Chrétienne, nous sommes bien souvent tentés de remettre à plus tard notre étude quotidienne ainsi que nos prières scientifiques. Nous pensons trouver un meilleur moment pour lire ou prier, ou bien il semble que ce sera plus facile durant l’après-midi, ou plus tard dans la semaine, ou le mois prochain quand nous aurons un peu moins de travail. C’est ainsi que nous remettons à un autre moment les temps de méditation qui nous sont pourtant nécessaires pour approfondir notre compréhension de Dieu. Quand vient cette tentation, je repense souvent à cette question amusante : « Pourquoi pas maintenant ? »
Ce n’est pas juste un emploi du temps chargé qui nous pousse à remettre à plus tard ces moments consacrés à Dieu. Ce n’est pas seulement à cause des enfants, des cours, des réunions, de la famille, du travail. En fait, le problème n’est pas tant cette tentation que ce que nous en faisons lorsqu’elle se présente.
Si nous acceptons la suggestion de communier avec Dieu plus tard, de nous donner un traitement par la Science Chrétienne plus tard, ou d’étudier à un autre moment la Leçon biblique indiquée dans le Livret trimestriel de la Science Chrétienne, alors nous risquons de ne pas être prêts à traiter les difficultés qui surviennent, faute d’avoir été nourris par des idées justes et des vérités spirituelles nouvelles, capables de nous soutenir dans l’épreuve et d’apporter la guérison. Nous n’avons pas accordé la première place à Dieu, ni posé les fondations mentales de la compréhension et du raisonnement spirituels. Au lieu de cela, nous avons donné la priorité à la matérialité, et si nous en prenons l’habitude, nous risquons d’être pris au dépourvus et piégés par la crainte.
Toutefois, si nous apprenons à maîtriser la tentation de l’atermoiement en comprenant qu’une telle attitude nous empêche de démontrer les vérités curatives de la Science Chrétienne, alors nous y voyons soudain plus clair : cette suggestion n’est pas innocente, elle est agressive et intentionnelle.
D’où vient cette suggestion en fait ? La réponse nous est donnée dans la Bible par saint Paul, qui parle de « l’affection de la chair » (voir Romains 8:7), c’est-à-dire l’entendement charnel. Mary Baker Eddy, qui a découvert la Science Chrétienne, utilise le terme « entendement mortel » (voir, par exemple, Science et Santé avec la Clef des Ecritures, p. 399). Quand cet entendement est prétendument à l’œuvre (car en réalité l’entendement mortel et charnel, n’a pas de vrai pouvoir et n’agit pas vraiment, puisque l’Entendement divin, Dieu, est le seul Entendement) Mary Baker Eddy emploie le terme « magnétisme animal ». Christ Jésus le traita de « Satan » et lui ordonna : « Arrière de moi, Satan ! » (Matthieu 16:23) lorsque ses suggestions vinrent le tenter.
Quel que soit son nom, cette fausse suggestion, ou magnétisme animal, n’a aucun pouvoir et n’agit pas vraiment, car elle n’a aucune réalité, et par conséquent aucune capacité d’exécution. Dieu seul a ce pouvoir. Et le seul pouvoir auquel le magnétisme animal peut prétendre, c’est celui que nous lui donnons en croyant à sa réalité ou en le craignant. C’est pourquoi nous apprenons à ne lui en attribuer aucun dans nos pensées et dans notre existence. Lorsque nous nous efforçons de comprendre spirituellement le gouvernement de Dieu et Son autorité sur Sa création, nous ôtons toute autorité apparente au magnétisme animal.
Le magnétisme animal est une prétendue erreur en action, qui se présente à notre conscience. C’est tout ce qui, dans la pensée, n’est ni juste ni bon, et qui voudrait (s’il le pouvait) susciter la discorde, l’apathie, nous inciter à remettre à plus tard notre communion avec Dieu, et nous amener à craindre. Science et Santé le définit ainsi : « Le magnétisme animal est l’action volontaire ou involontaire de l’erreur sous toutes ses formes ; c’est l’antipode humain de la Science divine. » (p. 484)
Cet antipode, ou opposé, humain de la Science divine, voudrait nous convaincre que la matière est plus puissante que Dieu, que le mal est plus réel et plus imposant que le bien, qu’il est tout à fait normal de s’attendre à des difficultés et à un manque d’harmonie, plutôt qu’au déroulement divin et à la paix.
Le Christ nous exhorte avec amour : « Pourquoi ne pas traiter le magnétisme animal “maintenant” pour être guéri “maintenant” ? »
L’opposé du magnétisme animal, c’est le Christ en action. C’est cette activité Christ dans la conscience qui neutralise tout mal et toute erreur. C’est le « Christ en vous, l’espérance de la gloire » dont il est question dans l’épître aux Colossiens (1:27), qui vainc et détruit la tendance mesmérique à négliger ou à remettre à plus tard la destruction des suggestions agressives, et à reporter ainsi les guérisons espérées. A l’œuvre dans notre pensée, le Christ nous incite à faire taire l’agitation mentale dans la matière et à consacrer plutôt nos pensées à la guérison, maintenant même ! Cette influence Christ, qui opère en nous, réforme, rachète, régénère. Elle s’exerce sur nos pensées et notre existence ; elle nous transforme spirituellement, nous guérit et nous protège. Elle nous exhorte avec amour : « Pourquoi ne pas traiter le magnétisme animal “maintenant” pour être guéri “maintenant” ? »
Il y a quelques années, j’étais en train de prier, un soir, quand la pensée m’est venue de prier plus spécifiquement pour la protection d’un membre de la famille. Je n’avais pas eu de nouvelles de cette personne cette semaine-là, et je n’avais aucune idée de ce qu’elle faisait, mais c’était comme si on m’ordonnait de prier pour sa sécurité. J’ai alors demandé à Dieu ce qu’il me fallait savoir, et cette pensée m’est venue : « Tu es capable de traiter cela ! » J’ai considéré que cela sous-entendait qu’aucun mal ne pouvait se cacher pour nuire à ma famille. Je savais qu’il n’y avait pas d’erreur à l’œuvre, pas de magnétisme animal capable d’agir contre nous. Comme c’était un message impérieux, je me suis mise aussitôt à prier.
Elevant ma pensée vers Dieu, qui nous tient tous dans ses bras, j’ai affirmé que ce membre de la famille était inclus dans cette tendre protection de Dieu. Je l’ai vue, elle, comme nous tous, à l’écoute des directives de Dieu, sentant Sa présence, percevant Ses conseils. J’ai également prié pour reconnaître qu’aucun mal ne pouvait approcher notre famille et produire de la souffrance morale ou physique. J’ai compris que toute action était semblable au Christ, juste et parfaite. Je savais qu’aucune action erronée, aucun magnétisme animal ne pourrait jamais toucher la création de Dieu, faute de trouver un endroit où exister dans l’Entendement divin infini. Je me gardais de traiter la pensée de cette personne, mais je traitais ma propre pensée concernant la situation. J’ai prié jusqu’à ce que je me sente en paix et que ce sentiment d’urgence ait disparu de ma conscience.
Quelques jours plus tard, la personne en question nous a appelés, et elle m’a raconté ce qui lui était arrivé au moment même où j’avais été incitée à prier. Elle faisait du bateau sur un lac, et le ciel s’assombrissait. La visibilité était très faible. Elle ne voyait plus aucun bateau sur le lac, mais soudain l’idée lui vint de couper le moteur. Ce n’était pas logique car elle avait mis le cap vers le quai pour rentrer avant qu’il fasse encore plus sombre. Elle obéit cependant à ce qui lui semblait être une inspiration divine, et elle arrêta son moteur. Le bateau ralentit, et à ce moment même, un autre bateau, qui filait à grande vitesse, toutes lumière éteintes, passa juste devant la proue de son embarcation. Si elle n’avait pas arrêté le moteur, les deux bateaux seraient entrés en collision, et il y aurait certainement eu des morts.
Accorder à Dieu ses premières pensées, chaque jour, apporte protection et guérison. Comme l’écrit Mary Baker Eddy : « Frère, sœur, bien-aimé dans le Seigneur, te connais-tu toi-même, et connais-tu Dieu ? Sinon, je t’en prie, en tant que scientiste chrétien, ne tarde pas à Le connaître, Lui, avant tout. » (Ecrits divers 1883-1896, p. 151)
Nous sommes tous en mesure de prier et d’étudier la Science divine, chaque jour, sans hésitation et avec zèle, en cherchant à connaître Dieu avant toute autre chose. Ce désir ainsi que nos pensées justes – notre attachement à faire ce qui est juste, à vivre dans la pureté, à mener une existence chrétienne – nous rendent attentifs et vigilants. Qu’y gagnons-nous ? La capacité de mettre en lumière les résultats glorieux de la guérison ! Alors pourquoi pas maintenant ?
Publié à l’origine en anglais dans le Christian Science Sentinel du 26 octobre 2015
